Le cycle de mue se fait en une série d'étapes.Durant la période entre les mues il ne se passe d'abord pas grand chose, mais ensuite une nouvelle cuticule commence à se former sous l'ancienne.
Au fur et à mesure que la mue approche, des minéraux sont extraits de l'ancienne cuticule et stocké dans des glandes spécialisées.
On peut parfois les observer sous la forme de structures ressemblants à de la craie dans la bordure ventrale de chaque segment. Ensuite, l'animal se prépare à la mue et son comportement va se mettre à changer. Il peut devenir de plus en plus agressif, entreprendre une reconstruction majeure de sa "maison", et finalement il cessera de s'alimenter.
Arrivé à ce point, les choses sérieuses commencent à se produire. La vieille cuticule commence à se soulever, formant un espace emplie de fluides entre l'ancienne et la nouvelle cuticule. L'animal peut (cela dépend de l'espèce) s'enfermer dans sa cavité ou terrier, et les sixième, septième et huitième tergites (plaques dorsales) commencent à s'affaiblir au niveau du milieu de la ligne dorsale.
Lorsque la véritable mue (exuviation) commence, l'animal accroît le volume des fluides et contracte des groupes musculaires, ce qui augmente la pression hydrostatique et cause la rupture des tergites thoraciques. L'animal s'extrait de force à travers l'ouverture dorso-thoracique.
La pression interne rompt d'autres ligne de suture pour que les yeux, les pattes et les branchies puissent être extraits.
Si tout se passe comme prévu, l'animal sera libre de son exuvie en quelques minutes, laissant derrière lui une mue parfaitement articulée et tout élément assemblé sauf pour la carapace qui se détache.
Lorsque l'animal se libère de sa mue il maintient une pression interne élevée et fait ainsi "gonfler" ses nouvelles soies. Celles-ci s'étaient développée dans le corps.
C'est comme si l'on gonflait légèrement un gant en caoutchouc, que l'on poussait les doigts vers l'intérieur puis qu'on soufflait dedans pour augmenter la pression interne : les doigts sortirait d'eux même.
L'exuviation est une période de grands dangers pour les Stomatopodes. Si la vieille cuticule se coinçait à la nouvelle à cause de plaies ou d'une maladie, l'animal ne pourrait s'en libérer. Cela est souvent fatal, particulièrement si les branchies restent couverte, asphyxiant alors le Stomatopode.
Le plus souvent les appendices raptoriaux (ravisseurs) se coincent. Ça se produit à cause de leur grande taille et du petit orifice disponible pour être extrait. Quand cela se produit l'animal peut être capable de s'arracher l'appendice concerné pour s'en libérer, mais à un prix élevé car trois ou quatre mues seront nécessaires pour en régénérer un nouveau.
Lorsque la mue est déposée, l'animal commence le processus de tannage, durcissant la cuticule et y re-déposant les sel minéraux.
Tout appendice qui reste coincé ou déformé à ce stade restera désormais ainsi. La cuticule sera très rapidement assez dure pour permettre des mouvement normaux (mais pas un "coup de marteaux"). Généralement, les parties les plus tendres de l'exuvie seront mangées, fournissant ainsi des nutriments et des minéraux supplémentaires. Mais il faut deux jours avant que les mâchoires ne soient assez durcies pour manger les parties les plus dures.
Certaines espèces comme les Odontodactylidés peuvent enterrer la vieille cuticule à l'extérieur du terrier, et ensuite la déterrer pour la manger plus tard.
Alors que la cuticule continue à durcir, l'animal ouvrira parfois sa cavité ou son terrier, et, s'il peut donner des coups, commencer à forer. Beaucoup d'espèces s'en prendront d'abord à des proies"tendres", mais les spécialistes des coup de marteaux resteront souvent enfermés jusqu'à ce qu'ils soient capable d'en jouer avec suffisamment de force pour briser les escargots et crabes.
Alors combien de temps tout cela prend-t-il? Il n'y a pas de réponse simple car cela dépend des espèces aussi bien que de la taille de l'animal. On peut voir le processus de mue chez les Stomatopodes comme une spirale qui s'étend toujours.
Chaque rotation de 360° est un cycle de mue, et la circonférence est le temps qu'il faut pour compléter le cycle. Par exemple, un Neogonodactylus wennerae juvénile de 8mm de long muera toutes les deux semaines, et la période d'exuviation depuis la fermeture du terrier jusqu'à son ouverture ne durera qu'un jour.
Six mois plus tard, à 18mm, l'animal mue environs une fois par mois et reste enfermé pendant deux ou trois jours. A un an pour 25mm il mue tous les un ou deux mois et s'enferme pour trois à quatre jours. A trois ans, pour 40mm, N. wennerae muera tous les trois à quatre mois et reste enfermé pendant une semaine, etc...
En général, les espèces lourdement "vêtues" pour une taille donnée mettent plus longtemps à achever un cycle de mue. Cependant il est difficile de généraliser. Certaines espèces comme G. platysoma passeront une très longue période enfermées dans leur cavité. Ce n'est pas inhabituel pour un spécimen de 8cm de rester cloitré durant trois semaines.
Un Odontodactylus scyllarus de la même taille le restera quant à lui moins d'une semaine.
*****Infos supplémentaires :Le processus de mue commence quelques semaines, voir même quelques mois (pour de grand animaux) avant la véritable exuviation (le dépôt de la mue).
Il faut former une nouvelle cuticule entière sous l'ancienne. (On peut parfois voir les soies des antennes balancier pousser à l'intérieur de celles-ci).
Alors que la mue approche, des minéraux sont extraits de l'ancienne cuticule et stockés dans des glandes. On peut parfois les observer dans chaque segment thoracique et abdominaux le long de la surface ventro-latérale.
Toujours plus proche de la mue, l'ancienne cuticule commence à se soulever et un espace emplie de fluide s'ouvre entre la nouvelle et l'ancienne cuticule. Quelques heures avant la mue, les lignes de suture commencent à s'affaiblir. Vous pouvez voir ces lignes sur le milieu de la ligne dorsale des segments thoraciques.
Lorsque le temps de muer est venu, l'animal augmente le taux de fluides dans son corps (changements osmotiques) et contracte violemment les muscles de son corps pour accroître sa pression interne. Cela provoque la rupture des tergites et le corps de l'animal est poussé de force dans l'ouverture. La squille est maintenant pliée en deux, et cherche à sortir le dos en premier.
Toute perte de pression hydrostatique ou de contraction musculaire stoppe le processus et l'animal sera coincé, condamné à mourir. Notez que pendant ce temps les branchies ne fonctionnent pas correctement jusqu'à ce qu'elles soient libérées et exposée à l'eau.
Une fois libéré, l'animal est si mou que les muscles ne reposent sur rien hormis sur-eux mêmes, et les premiers mouvements se font par des changements de pression hydrostatique. Cependant, au bout de quelques minutes la nouvelle cuticule commence à se "tanner" et durcit, et pendant les quelques jours suivants, des minéraux seront ajoutés pour durcir la cuticule jusqu'à son ancien état fonctionnel.
En attendant ce moment, l'animal ne peut donner de coup de marteau, et s'il essaie, il s'arracherait littéralement les appendices...
Je ne parlerais pas de tout ce qui peut mal se passer, mais je pense que vous voyez qu'il s'agit là du maillon faible du cycle de vie d'un Stomatopode, et un Gonodactylidé typique devra le faire 25 à 30 fois. Beaucoup des Stomatopodes qui ne sont pas mangés ou gravement blessés meurent durant l'exuviation, juste à cause de la demande énergétique mise en œuvre et de dysfonctionnements physiques.
Lorsque nous maintenons des Stomatopodes en aquarium, nous les voyons souvent mourir durant une mue, et on pense que quelque-chose va très mal. Mais ce n'est peut-être pas le cas. Comme tous les organismes, les Stomatopodes meurent et la mort vient souvent avec la mue.
*****Fin des infos supplémentairesEn espérant que cella apportera un peu d'aide pour comprendre la mue et, les variables impliquées dans la longueur du cycle et les durées relatives des divers composantes du processus de mue.