Seules quelques espèces de Stomatopodes que j'ai étudié forment des couples et se reproduisent en aquarium. Celles qui se reproduisent presque à chaque fois qu'un mâle et une femelle sont mis en présence sont Odontodactylus scyllarus, Gonodactylus smithii, et Pseudosquilla ciliata.
Chez d'autres espèces les femelles semblent présenter des période de réceptivité juste avant la ponte. On peut le plus souvent savoir si une femelle est prête à copuler en examinant ses « glandes ciment ». Si elles sont emplies d'une substance blanche c'est qu'elle se prépare à la reproduction et va probablement s'accoupler.
Mais même chez les espèces formant des couples, l'accouplement ne se déroule pas toujours en douceur et le combat peut exploser à tout moment. Si vous essayez de mettre deux animaux en contact, gardez une épuisette à la main pour intervenir s'ils commencent à se battre.
Les Stomatopodes ont une fécondation interne tout comme les mammifères et les marsupiaux, et ils ont une paire de pénis. Chacun d'eux est fixé à la base intérieure de la dernière paire de pattes ambulatoires (paraeopodes). On peut souvent voir ces tubes pendant entre les pattes.
pénis de Stomatopodes fixés sur la dernière paire de paraeopodes (Crédit photo : Alex) Chez Pseudosquilla ciliata et Odontodactylus scyllarus, ils sont de couleur sombre, et font environs un tiers de la taille des pattes. Il est donc aisé de les voir. Chez d'autres espèces, ils sont clairs et plus difficiles à observer. La présence des pénis rend plus facile le sexage des mâles que celui des femelles. Ainsi, si vous êtes sûr qu'il n'y a pas de pénis, vous avez une femelle.
Les pénis des Stomatopodes sont erectibles comme chez les mammifères. Lorsqu'un mâle est prêt à s'accoupler, ils deviennent légèrement plus longs et beaucoup plus rigide (ils sont assez mou en temps normal). Durant la copulation, le mâle monte sur la femelle, s'agrippe à sa carapace avec ses maxillipèdes, et la retourne partiellement pour que la partie ventrale de leurs thorax soient pressées l'une contre l'autre.
En d'autres termes, ils se reproduisent ventre contre ventre. Le mâle donne alors plusieurs poussées vigoureuses pour insérer les pénis puis pompe rapidement pendant quelques secondes jusqu'à l'éjaculation. La semence sort comme du dentifrice sort d'un tube, et on peut souvent voir des filaments de semence filant hors des gonopores de la femelle après la copulation.
Entre la première paire de pattes ambulatoires des femelles se trouvent ses gonopores, les ouvertures dans lesquelles le mâle insère ses pénis. Les œufs sortiront également de ces ouvertures.
Une fois que les animaux ont copulé, la femelle pourra pondre. On n'est pas sûr de la durée pendant laquelle elles peuvent stocker le sperme, mais j'ai observé des œufs fertilisés de femelles n'ayant pas copulé depuis trois mois.
Les œufs sont expulsés par les oviductes puis sortent via les gonopores. Près de l'orifice génital ils sont exposés au sperme stocké où la fertilisation se produit. Les « glandes ciment » sur la face ventrale du thorax produisent un ciment gommeux que la femelle utilise pour compacter les œufs en une masse – généralement en forme de globe – qu'elle peut porter dans ses maxillipeds, mais aussi poser si nécessaire. La femelle s'en occupe de 10jours à deux mois. Lorsqu'ils éclosent, chez les Gonodactylidés la femelle reste avec les larves pendant une semaine supplémentaire. Chez la plupart des autres espèces, les larves quittent la cavité ou terrier presque immédiatement.